La résidence du château d'Ancely

Par Audrey Courbebaisse

Ancely, ensemble de 856 logements, est remarquable à plus d’un titre.

Implantée sur le promontoire dominant la confluence de la Garonne et du Touch, la cité a été construite dans les années 1960 pour la société coopérative HLM de la Haute-Garonne. Les premiers habitants accédaient alors à un logement par un système de contrats location-coopération qui ne les destinait pas à la propriété. Avec les lois Chalandon (encourageant l’accession à la propriété) des années 1970, la société coopérative HLM est dissoute et la plupart des logements sont achetés par leurs locataires. Aujourd’hui, ce sont près de 75% des habitants qui sont propriétaires résidents de la cité. Ce passé coopératif est encore très vivant avec pas moins de 13 associations sur le site, des repas de quartier, des animations, le combat d’habitants pour la réouverture de leur piscine.

Parce qu’Ancely comprend également de nombreux équipements qui existent depuis l’origine de la cité : école maternelle et élémentaire, crèche, dalle commerciale, MJC, bibliothèque et mairie de quartier, locaux associatifs, terrains de jeux, terrains de tennis, la piscine (fermée depuis 2015) et même un musée souterrain dépendant du musée Saint Raymond où l’on peut admirer des restes de thermes romains datant du 1^er siècle av. JC!

Car le site est l’un des sites « habités » les plus anciens de la région (vestiges de l’ère du néolithique). Au 1^er siècle avant JC, il a aussi servi de campus romain avec trois ensembles de thermes, un amphithéâtre, un temple et un système de captation et de distribution de l’eau dont on peut encore observer une fontaine et un des 77 puits à eau recensés sur le site !

Mais on doit véritablement le paysage actuel d’Ancely au propriétaire de l’ancien château du XVIII^e siècle (démoli au début des années 1960), Georges Ancely, qui a fait aménager l’allée de pins au niveau de la terrasse haute, des chemins de promenade en bord de Garonne, une tonnelle de glycine et qui a fait planter des arbres aux essences variées sur ce site de 20 ha.

Dans les années 1960, l’architecte chargé de la construction de la cité, Henri Brunerie, intègre lui aussi un important projet de paysage : d’autres arbres sont plantés, les façades des immeubles sont mises à distance du passage, différentes ambiances sont créées : placettes minérales, talus toboggan, bassins à poissons… L’implantation et la forme des immeubles sont soignées : construction des angles, retrait et décalage de certaines façades permettant de constituer différents lieux sans jamais enfermer l’espace.

Autre particularité de la cité Ancely, c’est un des seuls grands ensembles de logements de la région à avoir été réalisé avec un procédé de préfabrication lourde, le procédé Costamagna qui donne son esthétique si particulière à la cité Ancely. Les panneaux de façades d’une hauteur d’un étage et de largeur de travée (de 3m à 4m) avec baies intégrées étaient préfabriqués sur le site même, en béton et brique creuse et avec un revêtement en céramique d’Empeaux qui était placé en fond de moule. Les panneaux étaient ensuite mis en place grâce à des grues se déplaçant sur des rails le long des bâtiments.

Le système sera repris par l’architecte pour la construction de la cité Rose à Ramonville, petite soeur d’Ancely.

Pour l’ensemble de ces éléments, la cité Ancely a été labellisée « Architecture Contemporaine Remarquable » par la DRAC en juin 2019. Il s’agit du premier ensemble de logements recevant cette distinction en Midi-Pyrénées.